Des mots, des mots, des mots.

Polonius: What do you read, my lord?
Hamlet: Words, words, words.

lundi 11 octobre 2010

Le silence selon Applefeld me parle

«J'ai choisi d'entamer mon récit par ces mots afin que nul ne vienne me chercher des noises. Je ne joue pas à cache-cache. Je dis ce que j'ai à dire. Il arrive que les gens ne me comprennent pas, ou interprètent mal mes propos. Je n'ai pas l'intention de changer. Autrefois, j'avais le désir d'expliquer, d'analyser, de faire émerger la vérité à tout prix. Plus rien de ce désir ne subsiste en moi. Je parle moins, et j'ai désormais un nouveau poste d'observation: le silence. C'est le meilleur des maîtres, et j'ai élaboré avec lui une stratégie qui sied aux rapports humains. Je suis capable de me taire une semaine entière. Les gens en déduisent que je suis mélancolique ou impassible. Ils se trompent, Je me tiens loin d'eux, c'est tout. Grâce au silence je prends le large. Pensif, je parcours les années et les lieux. Seul un silence prolongé étanche cette soif de contemplation. C'est mon alcool. Je bois sans répit et demeure assoiffé. Pour être honnête, il m'arrive d'être submergé par mes vieilles pulsions, par l'envie de convaincre, mais je n'y cède pas. »

Et la fureur ne s'est pas encore tue
Aharon Applefeld