Devant ma porte, les jeunes pousses de bambou qui sortent de terre soulèvent des dalles de béton de près de trente kilos. En période de croissance, ces bambous poussent de vingt centimètres par jour alors qu'il m'a fallu vingt années pour m'étirer de cent quatre-vingt-deux centimètres. Je crois que rien au monde ne possède et ne communique une telle envie de vivre que les bambous. Alors, chaque printemps, quand j'aperçois leurs yeux pointus jaillir du sol, j'annule mes voyages, je décroche mon téléphone, je ne vois plus personne et je m'assieds devant ces tiges pour les regarder grandir.
Jean-Paul Dubois
Parfois je ris tout seul
Des mots, des mots, des mots.
Polonius: What do you read, my lord?
Hamlet: Words, words, words.
jeudi 31 mars 2011
Bambous
vendredi 11 mars 2011
Briser à la hache la mer gelée en nous
"Il me semble d’ailleurs qu’on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? Pour qu’il nous rende heureux, comme tu l’écris ? Mon Dieu, nous serions tout aussi heureux si nous n’avions pas de livres, et des livres qui nous rendent heureux, nous pourrions à la rigueur en écrire nous-mêmes. En revanche, nous avons besoin de livres qui agissent sur nous comme un malheur dont nous souffririons beaucoup, comme la mort de quelqu’un que nous aimerions plus que nous-mêmes, comme si nous étions proscrits, condamnés à vivre dans des forêts loin de tous les hommes, comme un suicide — un livre doit être la hache pour la mer gelée en nous. Voilà ce que je crois."
Franz Kafka
Lettre à Oskar Pollak, 1904
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